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La taupe au logis
19 juin 2014

De la course à pied à la fuite des idées

Il y a quelques mois, je me suis mis en tête de reprendre la course à pied régulièrement afin d'améliorer ma condition physique avec un peu plus d'assiduité et de rigueur. Mais je parlais performance, pas entretien : car, entendons-nous bien, j'ai toujours gardé, à quelque exception près un intérêt marqué pour l'exercice physique.

J'avais un peu pratiqué l'athlétisme en loisir, je l'avais aussi exercé à l'Université, quand, étudiante, je fuyais la pression des bancs d'amphi pour conquérir les pistes. Surtout, j'avais deux professeurs de volley et d'athlétisme stupéfiants : Eric et Hélène. Alors, je me précipitais à leurs cours et avalais avec un enjouement incommensurable les plaisirs des salles et des stades parisiens. Malheureusement, des blessures m'ont contrainte à arrêter ces activités après la  fac : des périostites tibiales, une enthésopathie plantaire et une tendinite du releveur du pied ont non seulement lésé mon moral par leurs douleurs, mais m'ont aussi fait prendre conscience qu'une surcharge de travail et une mauvaise récupération n'étaient pas appriopriées à se maintenir en bonne condition. 

Je n'ai plus fait de sport aussi intensivement, si ce n'est ces derniers mois. Mais la douleur est revenue : les mêmes causes produisant les mêmes effets, je me retrouve à passer les mêmes examens et à connaître le même diagnostic. En revanche, ce n'est pas en vain. D'abord, parce que je n'ai pas attendu que la douleur soit aussi forte et permanente avant de consulter - j'ai su m'arrêter à temps - et ensuite, parce que j'ai rencontré des professionnels qui m'ont donné de bons conseils et de bonnes orientations. 

J'adore la course à pied. Je ne suis pas excellente ; je pense que j'ai peu de possibilités de progresser avec éclat, mais chaque petite seconde gagnée sur mon chronomètre me fait chavirer ! J'aime beaucoup, également, cette délicieuse sensation qui suit les entraînements et qui me promet de passer une belle journée. Il m'arrive de courir dans un parc ou au bord du canal : c'est à chaque fois un émerveillement quand, le long du canal, je vois scintiller la lumière du soleil sur l'eau. Ou bien, lorsque le ciel est dégagé et que les couleurs qui le composent s'étalent comme les traces du pinceau qu'un peintre aurait laissé glisser sur sa toile, pour le nettoyer.

Courir seule est pour moi le moment de faire le point, d'oublier les tracas du quotidien, de m'évader en confiant à mon corps le soin de porter mon esprit vers des considérations parfois très immatérielles, confuses, vaquant d'une idée à l'autre sans principe de liaison. Je cherche parfois les articulations logiques qui ont conduit mes pensées à se former au rythme d'une course pourtant si bien cadencée, mais mon phrasé reste rebelle à la syntaxe. 

L'endurance est pour moi le sport le plus à même de me mener vers cet indécidable de la pensée, où elle oscille entre la méditation sérieuse et la capture de la réflexion par le fantasme, la rêverie ou la promenade. Rien à voir avec les entraînements difficiles, ceux où je suis concentrée sur le chronomètre et où il me faut travailler tout à la fois le souffle, la résistance et la apidité. Ces séances, il m'arrive de les redouter, tant elles me font mal. Et pourtant, elles donnent toujours l'envie d'y retourner !

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